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FORM@SCOL - Conseil en Médiation Scolaire - QU'EST-CE QU'APPRENDRE ?

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DÉVELOPPER SA CAPACITÉ DE PENSER...

Chacun trouve normal de penser ; bien mieux, la plupart du temps, nous pensons sans y penser !
Et pourtant, c'est difficile de penser !

Comme dit W.R. BION, "L’activité de pensée naît de la confrontation avec un problème".

Il faut se représenter l'objet de sa pensée. Lui donner sens.






à suivre
DÉSIRER...

... désirer savoir, ou désirer faire plaisir... Même si ces motivations sont très éloignées l'une de l'autre, elle restent les moteurs fondamentaux du DÉSIR D'APPRENDRE.

Les jeunes en rupture scolaire ne trouvent plus aucune velléité pour mettre du carburant dans l'un ou l'autre de ces moteurs. Et rien ne servira de faire appel à une quelconque "bonne volonté", à reprocher paresse ou fainéantise, à accuser les enseignants de ne pas bien faire leur travail : un enfant ou un adolescent en rupture scolaire n'entendra aucun de ces arguments. Au mieux, il confortera ses parents que c'est de la faute des profs qui ne comprennent rien, si, lui, il n'y arrive pas... à comprendre !

Inutile de grimper au plafond : ça vous rendra ridicule, et ça ne changera rien au problème de votre enfant. Vous renforcerez seulement l'idée qu'il "est nul" et qu'il "n'arrivera jamais à rien".

L'élève en rupture scolaire n'est plus habité par l'un ou l'autre de ces désirs :

- à quoi bon "désirer savoir", si ça ne sert à rien ? Les médias véhiculent que le taux de chômage des jeunes diplômés augmentent sans cesse ! Les hôtesses de caisse, dans les grandes surfaces alimentaires peuvent vous afficher des cursus universitaires qui ne leur permettent que de scanner heures après heures des codes-barres !
Que voulez-vous donc que votre enfant désire savoir ?
- à quoi bon "désirer faire plaisir", si vous n'accordez d'attention qu'à LA note en dessous de la moyenne, noyée dans une quantité de bons résultats ?

"Tout le monde aimerait savoir, mais pas nécessairement apprendre", affirme Ph. MEIRIEU. Sincèrement, vous, le Papa, vous, la Maman, n'en n'êtes-vous pas au même point ? Parce qu'APPRENDRE, ça fait courir des risques, ça met en danger les représentations que l'on a de la vie, ça prend du temps, ça demande de l'énergie.

Or, c'est souvent LA PEUR D'APPRENDRE, comme le souligne S. BOIMARE, qui tenaille les jeunes : «…On s’aperçoit que c’est la situation d’apprentissage elle-même qui déclenche des peurs perturbant l’organisation intellectuelle. La confrontation avec la règle et l’autorité, la rencontre avec le doute et la solitude, inhérentes à la démarche pour apprendre et penser, réveillent alors une inquiétude trop profonde, contre laquelle il est illusoire de vouloir lutter avec les outils pédagogiques ordinaires. Apprivoiser les peurs, leur donner une forme acceptable par la pensée afin qu’elles n’entraînent plus de rupture de la démarche intellectuelle, telle est la condition indispensable pour réconcilier ces enfants avec le savoir scolaire ».



PERSÉVÉRER...

Pas un mois sans qu'on apprenne par les médias qu'un jeune élève a agressé un enseignant, pas une semaine sans que l'on parle des incivilités au sein des établissements scolaires, pas une journée en salle des professeurs sans que l'on entende des plaintes sur la passivité des élèves.

Ces attitudes déviantes ne sont bien souvent que les effets d'une absence de persévérance dans l'acte d'apprendre. Prêtez l'oreille pour compter le nombre de fois où votre enfant vous dira ou dira à un copain : "aujourd'hui, j'ai pas la motiv". Vous pourriez être tenté de lui demander de quand date sa dernière crise de "motiv" scolaire. Et si les choses étaient si faciles que cela à dire, votre enfant évoquerait rêveusement le jour lointain où un enseignant avait réussi à éveiller son enthousiasme et sa curiosité... qui n'avait été qu'un feu de paille, parce que l'acte d'apprendre est un long et lent processus qui demande opiniâtreté et patience.

Nos enfants sont à la recherche de la satisfaction immédiate ; ils ne peuvent pas différer leurs envies. Que le parent qui a toujours su dire NON à son enfant (quand ce refus était légitime, bien sûr) et maintenir son opposition jusqu'au bout, me jette la première pierre !

APPRENDRE, C'EST PERSÉVÉRER DANS UN MONDE D'IMPATIENCE.

Notre vie est jonchée d'apprentissages abandonnés, parfois en vertu d'une décision explicite, avec ou sans " bonnes excuses ", souvent parce que nous " oublions " notre projet, vite remplacé par d'autres, qui subiront peut-être le même sort, souligne Ph. PERRENOUD.

Persévérer, c'est être en capacité de se projeter vers l'avenir, l'envie de connaître demain, et l'idée du bénéfice que l'on tirera de ce que l'on sait ou de ce que l'on apprendra. À propos de "bénéfice", l'usage très fréquent, dans les familles, de phrases comme : "je t'aime quand tu travailles bien", "tu pourras sortir avec tes amis, si tu me ramènes une bonne note", "tiens, voilà 5 € pour te récompenser"... entraînent une réciproque pernicieuse : la peur de n'être plus aimé, de n'avoir plus de liberté, d'être méprisé, d'être surveillé.

Le bénéfice qu'un enfant peut tirer de l'acte d'apprendre, c'est celui du plaisir et de la satisfaction personnels qu'il tirera des efforts qu'il a fournis de son plein gré.

CONSTRUIRE...

Le savoir ne se transmet pas, contrairement aux idées reçues. C'est la culture qui se transmet de façon intergénérationnelle. Mais, de toute façon, cette transmission résulte d'un travail que l'enfant doit fournir seul.

Apprendre, ce n'est pas s'informer comme pourrait le laisser supposer l'accès confortable aux médias et à internet dont nous disposons aisément.Ces modes de transmission répondent au besoin de l'immédiateté de l'enfant, que nous évoquions dans un paragraphe précédent. Je me pose une question, un clic, et j'ai une réponse ! "UNE" réponse, pas "LA" réponse ! Je reçois une information instantanée, mais je n'ai pas construit un savoir pour autant ! Parce que, pour apprendre, il faut prendre le temps.

Oserai-je exposer ici la plus grande, la plus importante, la plus utile règle de toute l’éducation ? Ce n’est pas de gagner du temps, c’est d’en perdre} (J-J ROUSSEAU).

Il ne faut pas définir l'acte d'apprendre comme un simple mécanisme d'enregistrement.Le savoir se construit. L'apprenant doit reconstruire les informations qu'il reçoit à l'état brut. Il doit se confronter à des obstacles, les surmonter, et dépasser l'état initial de ses connaissances.
INTERAGIR...

Si l'on prend l'exemple de l'apprentissage du langage, chez le tout-petit, il saute aux yeux (et aux oreilles) qu'"il apprend à parler, en parlant avec un parleur sachant parler". Ça ne se fait pas tout d'un coup, il faut des essais, des échecs, de répétitions, des hypothèses, des vérifications, des abandons, des reprises, un constant va et vient entre l'apprenti-parleur et le parleur.

L'acte d'apprendre, à l'école, résulte du même processus. On n'apprend pas tout seul. C'est par la coopération, par la confrontation avec les idées et les conceptions de l'autre que l'on apprend. C'est ce qu'on appelle les conflits socio-cognitifs. Les enfants présentant des troubles de l'apprentissage rencontrent beaucoup de difficultés pour accepter ces "conflits", pour les vivre, et pour en tirer des bénéfices. Ils se sentent menacés dans leurs pensées, dans leurs représentations.
Ils éprouvent aussi ce qu'on nomme un conflit de loyauté : réussir à l'école, n'est-ce pas prendre le risque de s'éloigner de ses parents ? d'être "au-dessus" d'eux, au point de craindre que le dialogue ne devienne stérile ? "foutre la honte à ses parents" parce qu'ils sont "au-dessous" de l'enfant ?

Les conditions de coopération doivent être organisées. L. VYGOTSKI, un célèbre psycho-pédagogue parle ainsi de la coopération : "c'est la distance entre le niveau de développement actuel tel qu'on peut le déterminer à travers la façon dont l'enfant résout des problèmes seul et le niveau de développement potentiel tel qu'on peut le déterminer à travers la façon dont l'enfant résout des problèmes lorsqu'il est assisté par l'adulte ou collabore avec d'autres enfants plus avancés". INTERAGIR, ça ne s'improvise pas, ni du côté de l'élève, ni du côté de l'enseignant.
PRENDRE DES RISQUES...

J'ai coutume de dire à mes apprenants : "Si tu te trompes, c'est que tu es en train d'apprendre !"

Parce qu'un élève qui OSE se tromper, c'est un élève qui a OSÉ s'engager dans une démarche d'apprentissage. Il est nécessaire que l'apprenant accepte de se mettre en déséquilibre, c'est à dire qu'il accepte que, pendant un temps il ne va pas savoir, il risque d'être en échec. Il va falloir qu'il essaie de faire ce qu'il ne sait pas faire.

Vous, les adultes ? Ne vous lancez-vous pas dans de nouvelles aventures à pas comptés (sauf si elles procèdent d'un coup de foudre) ? Et croyez-vous que les "nouvelles aventures d'apprentissage" relèvent de coups de foudre pour l'élève ? Alors ! permettez à votre enfant de mesurer les risques, de les jauger, de les évaluer avant qu'il ne s'engage !

Autre chose : les "mauvaises notes" ne sont pas là pour punir ; elles sont comme une photographie d'un instant "T" de l'apprentissage ; elles signifient seulement que l'élève, à ce moment précis, n'était pas en mesure de prendre un risque.



à suivre
CHANGER...

Beaucoup d'enfants ont peur de grandir ; grandir, c'est se responsabiliser, c'est quitter un état de dépendance, c'est aussi, comme m'affirmait une élève, accepter que les parents vieillissent et projeter leur disparition.

APPRENDRE C'EST GRANDIR et les enfants le savent intuitivement. Parce qu'il faut accepter de changer. Au fil des apprentissages on devient quelqu'un d'autre, on transforme sa vision du monde et des problèmes, explique Ph PERRENOUD (déjà cité).

GRANDIR C'EST APPRENDRE À SE SÉPARER. L'apprentissage scolaire permet à l'élève de renoncer à ce qu'il pense être dans sa relation au monde. Il doit intégrer ses progrès et se représenter ce qu'il ne connaît pas.

Que de peurs à vaincre !
EXERCER UN DRÔLE DE MÉTIER...

Selon René LA BORDERIE, dans son ouvrage "Le métier d'élève", ce statut requiert des habitudes et des comportements communs à de nombreux métiers :

- présence obligatoire tous les jours ouvrables avec horaires fixes
- nécessité d’apprendre pour s’adapter
- soumission à un rythme de travail
- obligation de produire : se former, s’instruire, développer son intelligence et ses compétences
- implication dans des relations sociales : travail de groupe, conflits cognitifs, débats, solidarité
- acquisition de valeurs professionnelles : respect mutuel, autonomie, responsabilités, esprit critique
- nécessité de fournir des efforts : participation, persévérance, rapidité.



Ne retrouvons-nous pas dans ces attendus, tout ce qui constitue les obligations de nos professions respectives ?

"Apprendre [est]un métier dans un sens plus large : il faut s'approprier ses rites, son langage et ses ficelles, pour appartenir au " corps apprenant ". Il faut acquérir les ruses et les routines qui permettent de s'acquitter de ses tâches avec une certaine économie de temps et de moyens. Il faut apprendre à " se ménager " et à se protéger pour survivre et durer dans le métier d'élève", explique Ph PERRENOUD (déjà cité).

Mais contrairement à certaines idées reçues, ce n'est pas aux enseignants qu'il incombe d'apprendre aux enfants le métier d'élève. C'est l'apprenant qui va construire son propre référentiel professionnel, souvent calqué sur celui de ses camarades ; l'élève "modèle", tout comme l'enseignant "modèle", n'existe pas.

L'élève qui exerce bien son métier est celui qui a su créer ses propres stratégies pour répondre aux demandes de l'institution scolaire en s'inscrivant dans une culture collective qui lui permet de survivre face à des attentes démesurées et parfois incohérentes.
MOBILISER ET FAIRE ÉVOLUER UN RAPPORT AU SAVOIR ...

- Qu'est-ce qui me plaît dans le fait de savoir, d'apprendre ou de transmettre ?

- Quelles sont les émotions que je ressens quand je suis dans chacune de ces trois positions ?

- Quels en sont les enjeux pour moi ?


Notre RAPPORT AU SAVOIR évolue tout au long de notre vie, à partir de ce que nous savons ou non, et de nos ressentis par rapport à ce que nous savons ou non.

Chez l'enfant le rapport au savoir est intimement lié à son rapport à l'école. Il y a l'élève qui écoute la maîtresse pour être en règle avec son métier d'élève ; il y a celui qui écoute la leçon pour se mettre en rapport avec le savoir.

Le premier effectue ses exercices et se conforme aux rituels institutionnels. Le second mobilise sa capacité de penser pour faire evoluer ses savoirs.



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FORM@SCOL - Conseil en Médiation Scolaire - QU'EST-CE QU'APPRENDRE ? (Société - Education, Ecoles)    -    Auteur : Form@scol - France


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